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Enguerrand, Mercenaire Intergalactique Solitaire

par Romaric AUBERTIN

publié dans Romaric AUBERTIN , Nouvelle , Science-Fiction

Image tirée de Google Images: http://images.wikia.com/starcraft/images/7/70/TychusFindlay_SC2_Story1.jpg

Image tirée de Google Images: http://images.wikia.com/starcraft/images/7/70/TychusFindlay_SC2_Story1.jpg

Nouvelle dédicassée à Enguerrand BARISIO, héros de cette sombre petite histoire SF.


Le cliquetis de l’ouverture d’un briquet, le bruit d’allumage, la chaleur de la flamme qui en émane, l’odeur du cigare pourléché par cette dernière dans le but de l’allumer, voici une pause bien mérité pour Enguerrand, mercenaire intergalactique. Il sait pertinemment que les seuls bienfaits qui lui sont accordés ne sont que ces petits plaisirs qu’il goûte en solitaire, il mène une vie itinérante, lui qui autrefois était un homme sédentaire.
Condamné par le Destin à toujours voler de planètes en planètes à la recherche de contrats, mais aussi pour sa protection personnelle, fuyant la justice et les chasseurs de prime qui voudraient ajouter sa tête à leur tableau de chasse, Enguerrand est en permanence en mouvement pour que jamais on ne le choppe.

Aujourd’hui c’est une mission de sauvetage, demain c’est un contrat de brigandage, le surlendemain c’est de l’espionnage, pas le temps de s’ennuyer, pas le temps de traîner non plus ! La paye est conséquente, mais des sacrifices, il en a fait pour arriver là. Contraint d’être opéré des yeux, il avait perdu la vue suite à un problème oculaire lié à une opération réalisée sous des normes d’hygiène douteuses : il a enduré milles souffrances pour supporter, dans un premier temps, un système de vue appliqué aux cyborgs avant d’un jour arriver à se financer une greffe de ses propres yeux, fabriqués à l’aide de ses propres cellules et perfectionnés pour ne plus être atteint de myopie, afin de recouvrir une vue parfaite.
Pensant qu’il n’aurait plus jamais recourt à la chirurgie, bien mal lui en prit : il a perdu un bras et une jambe au cours d’une bataille, ne pouvant cette fois plus recourir aux mêmes procédés à cause de leur lenteur, il redevint un homme s’apparentant à un cyborg. Enlaidit de par ces membres mécaniques qui effraient les enfants, il fut astreint par sa folle existence à laisser tomber toute histoire d’amour dès lors qu’il comprit que chaque femme qu’il aimerait mourrait d’une pitoyable façon. Son épouse a d’ailleurs pâti de sa violente vie de bohème, son visage le hante sans cesse : elle était ensanglantée et l’a prié jusqu’à sa dernière goutte de sang de la sauver, mais que pouvait-il faire, lui qui était un surhomme mais impuissant face à temps d’individus qui s’étaient ligués pour l’exécuter ? Il la laissa succomber, être torturée cent jours durant jusqu’à ne plus sentir la moindre égratignure, elle avait une volonté d’acier, mais pour se protéger il ne put la délivrer. Depuis ce temps, constamment empli de regrets, il ouvre chaque soir le collier qu’il porte autour du cou, contemplant le portrait du grand amour qu’on lui a arraché.

Pourquoi poursuit-il cette misérable existence ? Etre mercenaire était censé apporter un peu de justice dans ce monde des plus corrompus, mais il s’est avéré qu’il n’y a nulle justice dans l’humanité : il n’y a que des intérêts, et des camps qui luttent en permanence les uns contre les autres, à vous de bien tomber ou de vous démerder pour vous en dépêtrer, le mieux étant de soi-même se protéger. Ça, il l’a appris à ses dépends : qu’y peut-il ? L’autre raison est qu’une fois que vous vous êtes engagé dans cette voie, vous ne pouvez plus vous en détourner : on ne cesse de vous rappeler ce que vous êtes, et combien même vous voudriez un peu de tranquillité, vos poursuivants, eux, ne l’entendront jamais de la même oreille.
A cause de cette condition, Enguerrand est entré dans une dépression qui ne met pas en doute ses compétences de mercenaire intergalactique, mais l’a poussé à se replier sur lui-même, verrouiller son esprit à l’aide de cadenas psychiques, être seul afin de n’être un poids pour personne : être solitaire lui sied à merveille.

En ce moment, il est là, posé devant une table à astiquer ses armes. Il vérifie leur bon fonctionnement, les démonte, les nettoie, s’occupe de leur maintenance, mais il semble troublé par quelque chose. Il doit s’adonner à l’instant à son rituel qui, pourtant, s’exécutait un peu plus tard dans la soirée. Il s’interrompt et se retire dans une salle obscure pour admirer la beauté de son ancienne compagne sous une lampe à lumière douce, il se recueille un moment durant jusqu’à ce qu’il perçoive l’infime bruissement de la porte qui s’entrouvre. Aux aguets, il récupère sans émettre le moindre bruit un katana qui est accroché au mur et le dégaine : il sabrera tout opposant qui s’interposera. Un homme de main se faufile, comme il le sentait, dans la chambre. Il a à peine le temps d’avertir ses collègues qu’il est scindé en deux dans toute sa longueur. Le fracas du corps tombant au sol rameute tous les chasseurs qui fondent instantanément sur Enguerrand qui se défend en éventrant ou décapitant chacun de ses agresseurs qui n’a guère le temps de tirer la moindre balle. Une douzaine d’hommes a été ainsi dessoudée, mais voilà qu’un treizième, leur chef sans doute, lui fait front.

-Enguerrand Barisio, des mois que je te traque, pour te trouver terré comme un rat après tout ce temps pendant lequel tu me croyais mort ? Te souviens-tu de moi, mon ami ? On travaillait ensemble autrefois, jusqu’à l’incident où tu perdis ce que tu avais de plus précieux en ce monde. Ne t’es-tu jamais demandé à cause de qui elle fut capturée ? Allons Enguerrand, j’aurai crû que tu t’en serais douté, ma foi, on était fort peu à être au courant, et aucun de tes ennemis n’aurait pu lui mettre le grappin dessus s’il n’y avait eu de félon.
Seul l’argent fait battre le cœur d’un homme, je ne comprends guère pourquoi tu y étais tant attaché ? Justice, amour, vérité, liberté, courage, foi : que de vains principes qui ne sont rien dans l’infinité de l’univers. Il y a un temps pour tout, chaque rêve aussi doux qu’il soit a toujours une fin : ton tort fut d’être aussi naïf qu’un gamin !
La provocation mit Enguerrand en rage, son adversaire a lui aussi sortit sa lame de katana afin de combattre à armes égales. Il s’ensuit un affrontement où chaque duelliste tente d’handicaper l’autre en le sectionnant à divers endroits, les deux saignent et s’entaillent mutuellement, mais aucun ne prend le pas sur l’autre, tout du moins, aucun jusqu’à ce qu’Enguerrand, saisissant une opportunité, prenne appuie contre un meuble pour repousser son assassin et lui foncer dessus, pointe en avant, lui transperçant le cœur. Le traitre agonise mais riposte par l’intermédiaire d’une balle plein placée, expédiant avec lui Enguerrand dans l’au-delà, mais notre mercenaire intergalactique meurt le sourire aux lèvres : son honneur est sauf, il va bientôt rejoindre son amour qu’il n’a que trop délaissée.



"Ce texte a été déposé et est protégé en vertu de l'article L. 111-2 du Code de la propriété intellectuelle, loi du 1er juillet 1992."

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