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Est-ce toi, petit frère ? (histoire intégrale)

par Romaric AUBERTIN & Dr Voggle

publié dans Romaric AUBERTIN , Nouvelle , Fantastique , Halloween

Image tirée de Google Images: http://img.xooimage.com/files48/6/e/a/image019-5c4d51.jpg

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Retrouvez l'intégrale de cette histoire comportant 2 épisodes sur cette page. Bonne lecture !



 

Est-ce toi, petit frère ?

 

C’est génial d’avoir la maison pour soi toute seule, pas un paternel pour être sur votre dos à se demander ce que vous faites, pas un frère chieur pour vous dérangez quand vous êtes en pleine webcam avec votre mec : le top ! Les devoirs ? Vous croyez que j’ai que ça à penser ? Oh que non : une telle occasion, il faut en profiter à fond ! Je suis sur mon ordi portable depuis que je suis rentré, j’ai balancé mon sac contre mon bureau, je me suis mise à l’aise et suis partie sur le net.
Boris fut satisfait de mater le nouveau ensemble que je me suis acheté, je lui ai proposé de venir me rejoindre à la baraque, comme il habite à deux pas, on a pu s’amuser pendant trois bonnes heures jusqu’à ce que je le somme de se tailler car si mon frère nous choppait, je me serai fait trucider ! En parlant du mioche, où a-t-il bien pu passer ? Il n’est toujours pas là, je n’ai guère ressenti sa présence, c’est curieux… Encore empreinte de Boris, je m’étends sur le lit en sous-vêtement en repensant à ses pectoraux, son large cou musclé, ses bras qui me soulèvent telle une poupée et savent me cajoler comme si j’étais en sucre : que c’est bon un gars compréhensif ! Revivant nos ébats, je suis tirée de mes pensées par la portée d’entrée qui vient d’être brusquement ouverte et violemment claquée : ce doit être mon gosse de frère qui rentre tout juste d’une quelconque escapade, il va m’entendre gueuler celui-là s’il fait son bordel : je veux ma tranquillité, c’est pas trop demander ? Maugréant et récriminant mentalement contre lui, j’envoie un texto à mon mec qui, je l’espère, doit certainement m’avoir dans la peau. Fantasmant sur son corps d’Apollon, je suis à nouveau distraite par ce petit abruti qui escalade l’escalier à toute berzingue, atteignant la porte de sa chambre en cognant la porte contre le mur. Non, il exagère : il ne croit pas que parce que les parents ne seront pas là de la soirée, il est dans la mesure d’effectuer tous ses caprices !
Je lui gueule, agacée :

-Max, c’est pas fini tes conneries oui ? Si tu me forces à sortir de ma chambre, je te fous une mémorable fessée qui te laissera de marbre ! Tu bougeras plus comme une statue, alors t’as intérêt à te tenir au carreau, et au passage, range ta chambre : maman m’a ordonné de te l’exiger, si tu ne le fais pas, tes jouets iront à la… Il ricane en courant dans le couloir sans me laisser le temps de finir ma phrase : p’tit con va ! Rira bien qui rira le dernier quand le grand sachet poubelle sera ouvert et que toutes tes affaires finiront dedans ! D’ailleurs Max, pour que je sois encore plus en colère après lui, frappe dans ma porte et dévale la rampe d’escaliers.

Trop c’est trop ! Je bondis hors de mon lit et me présente en haut des marches lorsqu’une musique assourdissante provenant de sa chambre m’interpelle. Je lui beugle depuis l’étage :

-Max, je t’avais prévenu ! Tu veux jouer, ok, t’es bien loin de gagner avec moi !
Je file éteindre sa radio qui me casse les oreilles : il écoute à tue-tête des morceaux dont seuls les gamins sont friands, beurk : c’est pas de la musique, c’est de la chiotte ses tubes ! Je frissonne en sentant que la température semble être descendue, il fait frais, c’est pas normal… La chaudière est peut-être en panne ? Inquiétée par ce nouveau problème je me résous à aller à la cave avant de poursuivre ce sale garnement, mais un de ses jouets se met en route, je recule surprise et fait tomber une partie de sa collection de voitures placée sur une étagère, quelques-unes me tombent d’ailleurs sur la tête. Frottant mon crâne endolori, un nouveau rire me parvient, mais cette fois comme de sous le lit ! Je me casse de sa pièce et pars à la renverse en marchant sur une de ses voitures qui me blesse mon pied nu.
M’extrayant de la pièce dont la lumière s’éteint et se rallume de nombreuses fois avant que la porte se claque, je m’enferme dans la salle de bain en entendant un grognement dans l’escalier. J’appelle le téléphone de Boris mais tombe sur sa messagerie, putain, tu fais quoi mon chéri ? Paniquée, je suis sur le point d’appeler mes parents lorsque les plombs sautent : me voilà dans le noir. Eclairée seulement par mon téléphone, je me vois dans le miroir et aperçois par l’intermédiaire de ce dernier une ombre derrière-moi… Je me retourne et n’ai qu’une vision d’horreur d’un garçon qui me fait : -Bouh !, le visage dévoré. J’hurle, la lumière reviens : je tente de m’enfuir mais la porte est bloquée. Le garçonnet n’est plus mais un message en lettres de sang apparaît dans le miroir : Tu dois être punie grande sœur !
Je crois devenir folle, je tambourine contre la porte, mais voilà que cette dernière finie par s’ouvrir et que m’est propulsé dessus Boris, nu comme un ver, un téléphone portable placé juste en face nous prend en photo.

-T’étais encore là ? Connard, c’est pas marrant ! M’en prends-je à mon petit ami que je soupçonne être l’instigateur de cette blague malsaine.

-Tu délires où quoi ? Tu m’excuses, j’me suis endormi dans tes chiottes, et quand j’me suis réveillé c’était la folie aussi ! On m’a déshabillé et malmené : faut se tirer d’ici, ta bicoque est complètement à la ramasse ! Sitôt ses paroles prononcées, un nouvel éclat de rires retentit, tout redevient barge. On se casse en s’emparant au passage du portable qui a cessé sa lévitation, on se retrouve dehors, moi en sous-vêtements, et Boris à poil.
-Merde, cette photo a été envoyée à mes parents : on va se faire zigouiller !

-Putain, mais ils vont me forcer à me marier avec toi : ça t’amuse de me forcer ainsi ? Si ça se trouve t’es qu’une putain de sorcière ou de mutante qui a comploté pour me garder à vie, salope va ! M’insulte mon copain qui refuse tout engagement dans la durée, déçue par son attitude je lui balance en pleine face.

-Alors c’est ça tous les sentiments que t’as pour moi ? Que du vent dès qu’il s’agit de prendre tes responsabilités d’homme ? Si c’est le cas, dégage et ne reviens plus jamais ! Les événements accablants s’enchaînent en cascade, mon portable vibre, je décroche : c’est ma mère. Elle semble affolée, elle me parle d’une voix hachée par les sanglots.

-Angélique ? Oh, Angélique, c’est affreux, c’est affreux ! Ton petit frère Maxime a été bouffé par un chien sur le chemin de retour de son école en passant devant le cent cinquante-quatre rue de Beau Séjour.

Mon père lui arrache le combiné des mains pour me dire, les nerfs exacerbés par la mort de mon frère et de la photo qu’il a reçue : -Dès notre retour, nous aurons une conversation !!!

Je regarde Boris, des larmes dans les yeux : -Cent cinquante-quatre rue de Beau Séjour, c’est bien ton domicile ?

-Ouais, ça peut te faire quoi ? T’y ai pas assez venue pour le savoir, faut peut-être que ton père me flique pour le mariage maintenant ?

-Dégage, cours, barre-toi directement où j’te gifle ! T’es le seul responsable de la mort de mon frère. L’exhorté-je fermement, le cœur serré par la douleur.

-T’es complètement chtarbée, j’vois pas de quoi tu me causes ! Se défend-il véhément comme s’il ignorait ce dont je voulais lui parler.

-C’est ton chien qui a bouffé mon frère, me fais pas croire l’inverse : tu serais un putain de menteur ! Hors, tu promenais ton chien avant de venir, pas vrai ? Il soutient mon regard, son visage s’assombrit, il tourne la tête et avoue.

-Ouais, et ça peut te faire quoi, tu vas me balancer aux keufs ? J’te préviens, j’ferai pas d’la taule, j’y peux rien si ton tocard de frérot fut une proie de choix pour Rex qui a échappé à mon contrôle durant quelques instants, assez de temps cependant pour l’amocher. Je me suis cassé pour pas qu’on sache qui c’était, laissant mon chien déambuler dans les rues.

Il sourit de toutes ses dents comme s’il en était fier. –T’es une ordure, t’es un monstre : pose pas le moindre doigt sur moi ou je te le croque ! Le menacé-je en reculant.

-Ne soit pas ridicule, tu es à ma merci : dommage, tu étais un bon coup… Il m’étrangle avant d’être tué d’une balle dans la tête. Je lève les yeux en direction de la chambre de mon frère d’où le coup est parti : je le distingue, translucide, me faisant un signe de la main avant de gagner le ciel.

Je m’écroule, le corps de mon ex dans les bras, pleurant sur son visage que j’avais maintes fois embrassé.
Le prochain vendredi treize sera pour moi un jour de grand deuil…




"Ce texte a été déposé et est protégé en vertu de l'article L. 111-2 du Code de la propriété intellectuelle, loi du 1er juillet 1992."

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