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Serpent

par Romaric AUBERTIN

publié dans romaric aubertin , Nouvelle

Serpent

Je l’ai vu comme je vous vois, c’était une formidable bête géante qui se coulait dans la forêt. Comment se faisait-il que ce géant, ce reptile, ovipare primitif à sang-froid ait pu ainsi se développer ? Je l’ai admiré se faufiler habilement au travers de ces bois ô combien profonds, il glissait adroitement sur le sol et semblait poursuivre une route ô combien inconnue pour moi. Quel but espérait-il atteindre, hormis celui de chasser ? Car ce monstre était bel et bien en train de s’en prendre à quelque, ou plutôt, à quelqu’un.
Malgré la peur qui me tenait les entrailles, j’étais tellement curieux que je désirais découvrir le fin mot de l’histoire : je suivis les traces de ce géant de chair qui ondoyait sur la sente qu’il empruntait. J’entendis quelques minutes plus tard des cris de panique, j’eus tout juste le temps de me trouver un poste d’observation pour contempler la scène. Ce que je vis me fît frissonner, mais était ô combien merveilleux ! Pouvez-vous imaginez cette créature la tête bien dressée, contemplant sa victime de ses yeux fendus, l’observant de part et d’autres comme si c’était une vulgaire vermine. Il est vrai qu’en comparaison, il n’y avait pas photo : le repas serait frugal, mais que dire face à tant d’innocence qui s’apprêtait à s’envoler après avoir malheureusement croisé l’être maudit ?
D’où j’étais, je pouvais distinguer chaque merveilleuse écaille de ce monstre luire au soleil sur la partie du corps se situant dans la clairière, autrement dit, je pouvais également contempler la beauté et pureté de la magnifique jeune fille blonde en robe blanche qui faisait face à son bourreau, l’air apeuré, les larmes aux yeux. D’une prodigieuse détente, le reptile la happa et l’engloutit progressivement en commençant par la tête, je ne pus que concevoir d’admirer le triste spectacle s’offrant à ma vue. La pauvre jeune paysanne battait des jambes, tapant de ses pieds nus ( ses sabots avaient dû être perdus ), écorchés par la folle course à travers la forêt, le bas de la gueule de son agresseur qui l’avalait.
Lorsque je n’aperçus plus que les pieds de cette personne, elle ne luttait plus, sans doute la mort l’avait-elle fauchée avant qu’elle soit digérée par les sucs digestifs de ce monstre, mais c’est alors que j’entendis un sifflement bien connu et vis de la vapeur sortir par le crâne du serpent. Etait-ce une hallucination, était-ce la réalité ? J’envoyai une pierre envers le repaire pour en avoir le cœur net, mais je n’entendis qu’un bruit sourd métallique contre toute réponse : ce serpent n’était autre chose qu’un merveilleux automate autonome fonctionnant à vapeur. C’est à ce moment précis que se prononça mon goût envers ces machines de plus en plus sophistiquées désirant imiter la nature, on atteint un souci de perfection inégalé ! Les inventeurs voudraient-ils égaler Dieu ? En tout cas, une chose est sûre, ces inventions sont diaboliques étant donnée qu’elles ont besoin de consommer de vierges jeunes filles, peut-être est-ce pour leur maintenir une intelligence artificielle ultrasophistiquée ?




"Ce texte a été déposé et est protégé en vertu de l'article L. 111-2 du Code de la propriété intellectuelle, loi du 1er juillet 1992."

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